À l’instar de Google pour les sites web, Microsoft a ajouté une fonction Analytics pour la suite Office 365 : Workplace Analytics. Des outils d’administration qui permettent d’optimiser l’utilisation des logiciels, et de détecter d’éventuels besoins en formation. Sauf que cette application établit un « score de productivité » et des employeurs peuvent ainsi s’en servir comme outil de surveillance de leurs salariés.
En cette période de pandémie, le télétravail a explosé ; des millions de salariés utilisent les logiciels et les applications professionnelles depuis leur domicile. Mais comment savoir s’ils travaillent vraiment ? Eh bien, il existe déjà des outils dits de « productivité » qui permettent de surveiller ses salariés et de vérifier qu’ils ne jouent pas ou font autre chose durant leurs heures de travail. Les ventes auraient même explosé depuis mars…
Du côté de Microsoft, qui édite la suite bureautique Office 365, il n’y a pas officiellement d’outils pour surveiller, voire espionner, la productivité des salariés. Sauf que la firme a dévoilé en juillet son Microsoft Workplace Analytics, officiellement une « nouvelle solution d’analyse organisationnelle » qui fournit des informations sur les pratiques de communication et de collaboration à l’intérieur même d’une société. Objectif : cibler les bons et les mauvais points pour gagner en efficacité mais aussi anticiper la fatigue et la surproductivité pour « harmoniser la productivité et le bien-être ».
Pour The New Republic, cet outil peut être détourné de sa fonction première et se transformer en outil de surveillance. Notamment parce qu’il permet de livrer un score de productivité de 0 à 800 pour chaque employé, mais aussi pour l’ensemble de la société. Les dirigeants ont accès à ce chiffre basé sur le temps passé dans les e-mails, le temps passé en réunion, et même sur l’activité après les heures de travail. Ils peuvent même le comparer à celui d’autres sociétés…
Des représentants du personnel de certains sociétés se seraient plaints de cet outil qu’ils estiment intrusif et qu’ils assimilent à un outil de surveillance. Une application qui peut d’ailleurs être détournée de sa fonction première puisque des employés pourraient « tricher » en multipliant des accès à leurs logiciels pour gonfler leur score. Le tout en créant une compétition entre les salariés qui travailleraient dans un environnement de défiance.
Démonstration de l’utilisation de ce score de productivité. © Microsoft
Qu’en pense Microsoft ? Bien évidemment, la firme a conscience que cet outil peut poser des problèmes de confidentialité et de confiance entre collaborateurs, mais aussi entre ces mêmes collaborateurs et leurs supérieurs. Microsoft assure que « le score de productivité n’est pas un outil de suivi du travail ». Il consiste à « découvrir de nouvelles méthodes de travail, en offrant [aux] employés une excellente collaboration et des expériences technologiques. Il se concentre sur des informations exploitables sur la manière dont les personnes et les équipes utilisent les outils afin que vous puissiez apporter des améliorations ou fournir une formation pour poursuivre votre transformation numérique ».
Pour préserver la confidentialité et la confiance, Microsoft assure que les données de chaque utilisateur sont agrégées sur une période de 28 jours, et il est possible d’effectuer des réglages pour rendre anonymes les informations de l’utilisateur ou même les supprimer. On déniche ainsi un mode d’emploi qui permet de « désidentifier » les données collectées, mais aussi de supprimer individuellement des personnes de la « zone d’expérience ». Conséquence : personne de la société ne pourra afficher ces mesures et la société elle-même sera supprimée de tout calcul impliquant la communication, les réunions, le travail d’équipe, la collaboration de contenu et la mobilité.
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