Rien qu’à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, Médecins Sans Frontières (MSF) reçoit environ 100 nouveaux patients chaque jour, où au moins 20 d’entre eux décèdent, selon une source proche de l’organisation médicale contactée par la RTVC. A date, 1800 patients ont été traités dans les quatre centres de MSF à Port-au-Prince. Dans la quasi-totalité du pays, de nombreuses personnes atteintes du choléra meurent faute de pouvoir se rendre à l’hôpital à temps. Les gens peinent à quitter leurs communautés en toute sécurité en raison des actions criminelles et du manque criant de carburant.
La situation s’est exacerbée depuis la rareté de l’essence et d’eau occasionnée par des hommes armés qui ont choisi délibérément de bloquer le plus grand terminal pétrolier du pays, pour exiger, entre autres, la démission du Premier ministre Ariel Henry. Les stations-services et les entreprises telles que les compagnies spécialisées dans le traitement d’eau ont fermé, forçant ainsi un nombre accru de personnes à se tourner vers l’eau non traitée. La moitié des cas de choléra en Haïti concernent des enfants de moins de 14 ans, selon l’UNICEF. Le Fond des Nations Unies pour l’Enfance prévient que l’augmentation des cas de malnutrition sévère rend les enfants plus vulnérables à la maladie.
« Dans une société où l’on ne peut pas obtenir d’eau potable du robinet de votre propre maison, lorsque vous n’avez pas de savon ou de comprimés de purification de l’eau, et que vous n’avez pas accès à l’assainissement, vous risquez de ne pas survivre au choléra ou à d’autres maladies d’origine hydrique », a déclaré Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF en Haïti. Les hôpitaux publics ne fonctionnent presque pas même en temps normal, voire en cette période de crise. Si les plus faibles ne peuvent y avoir accès, ils vont certainement mourir. Or, ces hôpitaux ont toujours été l’endroit où les plus pauvres vont à la recherche de soulagement à leurs problèmes de santé, mais le système a subi une énorme détérioration provoquant une violation flagrante du droit des citoyens et citoyennes à cette obligation constitutionnelle pour le moins vitale. Selon la Constitution, l’Etat doit assurer la protection de la santé de tous, l’accès à l’eau potable, l’amélioration de l’alimentation, l’assainissement de l’environnement, ainsi que rechercher les moyens de prévenir et de traiter toutes les maladies, en assurant l’accès à des médicaments de qualité et en fournissant une assistance médicale et hospitalière gratuite à ceux qui en ont besoin.
Toutes ces personnes qui meurent du choléra par manque de soins devraient interpeller les détenteurs du pouvoir sur leurs responsabilités. L’Etat ne peut pas attendre désespérément ou indéfiniment comme de simples citoyens. Il faut qu’il mobilise à tout prix ses appareils répressifs pour créer les conditions nécessaires permettant à la population de vaquer à ses occupations et aux institutions de fonctionner. Le choléra est une bactérie qui rend malades ceux qui consomment des aliments ou de l’eau contaminés et peut causer des vomissements et de la diarrhée sévère et, dans certains cas, la mort.
Le premier contact majeur d’Haïti avec cette maladie avait eu lieu il y a plus de dix ans, lorsque les Casques bleus de l’ONU (les Népalais) ont transporté la bactérie dans le plus grand fleuve du pays 9Artibonite) par les eaux usées de leur base. Environ 10 000 personnes avaient perdu la vie et des milliers d’autres étaient tombées malades.
La Rédaction