Haïti-Politique : Quand de « simples accords politiques » remplacent la constitution de 1987

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L’obsession du pouvoir pour le pouvoir des politiciens haïtiens n’est plus à démontrer. Toutes les batailles initiées par la classe politique haïtienne se résument à la conquête du pouvoir pour s’enrichir au détriment de la population. Rare sont ceux qui ont fait la différence. Après plus de 29 ans de dictature, les classes politiques et économiques, la société civile, entre autres, optaient pour une nouvelle constitution, élaborée et adoptée en 1987. Laquelle constitution a été amendée en 2011. Après plus de trois décennies, elle est remplacée par de simples accords ne jouissant d’aucune forme de légitimité, mais qui permettent toutes fois aux « signataires » de faire fortune.

Depuis la mise en vigueur de cette constitution, seuls les présidents René Preval et Michel Martelly sont parvenus à boucler leur mandat de cinq ans. Quant aux autres, ils ont été exilés, contraints de démissionner ou tués au pouvoir. Et depuis l’assassinat crapuleux de Jovenel Moïse en juillet 2021, le palais national est sans président, et c’est un premier ministre de facto qui fait la pluie et le beau temps. La constitution est quasiment mise en veilleuse, et ce sont des accords politiques qui le remplacent.

L’amateurisme, la corruption, la cupidité et la haine de nos dirigeants sont les principales causes de l’effondrement de l’Etat. Toutes les institutions républicaines sont dysfonctionnelles, et la constitution n’est brandie lors des grands débats pour la prise du pouvoir que lorsqu’elle profite à une catégorie.

Au cours de son histoire, Haïti a connu 22 constitutions, les unes plus violées et bafouées que les autres en fonction des intérêts et des aspirations de nos dirigeants. La dernière en date, celle adoptée en 1987, figure parmi les plus violées.

Pour ce 36e anniversaire, l’Office de la Protection des Citoyens est montée au créneau pour dénoncer des atteintes graves au bien-être de la population haïtienne. « La constitution du 29 mars 1987 est passée à côté de sa mission qui était de relever les plus faibles, rendre justice à qui elle est due surtout ceux qui étaient privés de leurs droits et libertés, pris en otage par un régime totalitaire mené par des dirigeants incapables et arrogants », se désole l’OPC.

Pour l’OPC, cette date devrait être une occasion pour les forces vives de la nation de réfléchir sur la nécessité urgente visant à une modification ou tout carrément un autre texte inclusif, mieux adapté à la réalité socio-économique et politique actuel.

Richarson Bigot

Richardsonwiltesbigot@gmail.com