En conseil des ministres, il a été décidé d’écarter du gouvernement Berto Dorcé et Lizst Quitel, respectivement ministre de la justice et de la population et ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales. Le dimanche 13 novembre 2022, dans la soirée, un arrêté gouvernemental rendu public, a confirmé la mise à pied des deux hommes cités dans des « activités criminelles ». Par conséquent, le Premier ministre Ariel Heny prend le contrôle du ministère de l’intérieur et Emmelie Prophète est nommée ministre a.i de la justice. Les deux ministres révoqués feront-ils l’objet de poursuites par la justice haïtienne ? Une question légitime qui soulève des doutes.
C’est une décision qui survient après que le gouvernement américain a imposé de fortes sanctions contre des dignitaires haïtiens. Ces politiques sont reprochés d’entreprendre des « activités criminelles ». Selon certaines informations parvenues à notre rédaction, de graves accusations relatives au trafic d’influence, d’armes et de munitions, de drogues et au kidnapping sont entre autres pèsent sur les désormais anciens ministres Dorcé et Quitel, qui ne sont plus habilités à fouler le sol américain.
Des officiels haïtiens impliqués jusqu’au cou dans des activités illicites et criminelles, cela ne date pas d’hier. Depuis tantôt deux siècles, nos dirigeants ne cessent d’être indexés dans des affaires de corruption. En décembre 1905, au terme d’un procès historique, « le procès de consolidation », un jury condamna plusieurs anciens ministres de l’Etat haïtien impliqués dans des malversations. À la surprise générale, trois (3) de ces condamnés devinrent Présidents de la République. Il s’agit de Cinncinatus Leconte, Jean Antoine Tancrède Auguste et Vilbrun Guillaume Sam.
En 1975, un autre procès historique avait eu lieu en Haïti. C’était le procès des Timbres. Huit (8) personnes dont des ministres du gouvernement ont été arrêtés dans le cadre de ce procès. Ils étaient accusés d’avoir contrefait la signature du ministre du commerce et de l’industrie d’alors. L’ex-ministre Serge Fourcand a été limogé puis placé en résidence surveillée. Les condamnés étaient sortis de prison et d’autres n’y ont jamais été.
Le plus récent cas, la dilapidation de 3,8 milliards de dollars américains du fonds PETROCARIBE. Des dignitaires ont été indexés, notamment l’ex-Premier ministre Laurent Lamothe, l’ex-ministre Florence Duperval Guillaume, l’ex-président Michel Martelly, son épouse Sofia Martelly et son fils ainé Olivier Martelly ainsi que l’ancien Président Jocelerme Privert.
Alors que Berto Dorcé et Lizst Quitel ont déjà été dénoncés par plus d’un pour leur implication présumée dans des cas de kidnapping, de trafic de drogue, d’armes et de munitions, d’aucuns se demandent si, pour une fois, la justice haïtienne jouera sa partition.
Richarson Bigot
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