La Chine poursuit son ambitieux programme d’exploration robotique de la Lune et se prépare à lancer Chang’e 5, une mission de retour d’échantillons lunaires. Le lancement devrait avoir lieu dans le courant de la semaine prochaine.
La Chine s’apprête à lancer sa mission spatiale la plus ambitieuse de sa jeune histoire débutée dans le domaine de l’exploration robotique. Le 24 novembre, la Chine devrait lancer la mission de retour d’échantillons lunaires Chang’e 5 à bord d’un lanceur Long March 5 utilisé cet été pour lancer la sonde Tianwen-1 à destination de Mars. Le 17 novembre, le lanceur a été installé sur son pas de tir de la base de lancement de Wenchang située sur de l’île de Hainan. Cette date de lancement est donnée à titre indicatif. En effet, la Chine communique très peu sur ses activités spatiales les considérant comme étant des domaines stratégiques et « sensibles ».
Cette mission inédite pour la Chine mettra à l’œuvre 4 modules qui totalisent ensemble une masse de plus de 8 tonnes ! On compte l’étage de transfert (aussi appelé module de service) utilisé pour le trajet aller-retour entre la Terre et la Lune, un atterrisseur d’une masse de 3,8 tonnes, un étage de remontée qui doit amener les échantillons en orbite lunaire et une capsule de retour. L’atterrisseur (ou lander) se posera à proximité de Mons Rümker dans l’océan des Tempêtes, la plus grande des mers lunaires où de nombreux engins soviétiques et américains se sont posés ainsi que la mission Apollo 12 en novembre 1969.
Si tout se passe comme prévu, quelque deux kilogrammes de poussières et cailloux lunaires, dont de la matière située jusqu’à deux mètres de profondeur, devraient être recueillis. Ils seront ensuite amenés en orbite d’où ils seront récupérés par le module de service et transférés dans la capsule de retour qui retournera sur Terre dans le courant du mois de décembre.
Pour Chang’e 5, l’Agence spatiale chinoise doit faire face à de nombreux et nouveaux défis technologiques : collecter des échantillons lunaires, les amener en orbite lunaire pour un rendez-vous avec le véhicule de retour et se poser en sécurité sur Terre sans altérer le précieux chargement. Un scénario étonnamment complexe et très différent de la stratégie soviétique qui rapportait sur Terre les sondes du programme Luna directement depuis la Lune.
En prévision de cette mission de retour d’échantillons lunaires, mais aussi de Chang’e 6 qui rapportera des échantillons de la face cachée de la Lune en 2023-2024, la Chine a réalisé un vol de démonstration d’une capsule de retour d’orbite pour préparer la phase de la rentrée atmosphérique. Baptisée Chang’e-5-T1, cette mission avait pour but de tester certaines des technologies nécessaires à ce retour d’échantillons dont une capsule de rentrée atmosphérique susceptible d’être utilisée plus tard pour rapporter des échantillons lunaires, voire des taïkonautes de retour d’une mission sur notre satellite.
Pour en savoir plus
Article de Rémy Decourt publié le 17/08/2014
La Chine poursuit son programme d’exploration robotique de la Lune en préparant le successeur de son petit rover « Lapin de Jade » (Chang’e 3). Nommée Chang’e 4, elle devrait être lancée d’ici la fin de l’année et préparer une mission ultérieure de collecte et retour d’échantillons lunaires annoncée pour 2017.
La Chine a confirmé l’envoi d’ici la fin de l’année de Chang’e 4, un nouveau robot à destination de la Lune. Cette mission a pour but de préparer à la suivante qui prévoit le retour d’échantillons de roches lunaires, Chang’e 5. Le Ministère des sciences et de la technologie chinois a annoncé son lancement pour 2017.
Son objectif est d’atteindre notre satellite naturel puis de se poser en République populaire de Chine. Bon nombre des technologies qui seront utilisées pour la mission Chang’e 5 seront testées. Comme nous l’avons expliqué précédemment dans l’article le défi chinois du retour d’échantillons lunaires, le pays cherche à rattraper son retard dans ce domaine et à franchir quelques étapes technologiques que seule une mission précurseur permettrait de qualifier et maîtriser.
Voilà pour la version officielle du Ministère des sciences et de la technologie. Pour les spécialistes du secteur spatial chinois, cette mission est autant le précurseur d’une mission de retour d’échantillons lunaires qu’une mission habitée ! En effet, il semble que la capsule de rentrée atmosphérique soit aussi grande que celle des véhicules Shenzhou actuellement utilisés pour emmener les taïkonautes dans l’espace.
Ajoutons aussi que, comme à son habitude, les autorités du pays n’ont pas fourni beaucoup d’informations techniques sur cette mission et encore moins sur le profil du vol. Ce qui, bien sûr, laisse libre cours à de nombreuses hypothèses dont certaines seraient très réalistes.
Aussi sera-t-il très intéressant de voir si la mission a pour but de faire un simple voyage autour de la Lune puis s’en retourner sur la Terre — comme l’a fait, bien malgré lui, l’équipage d’Apollo 13 — ou, et cela démontrerait une certaine aisance technologique dans ce domaine, une mise en orbite autour de la Lune représentative d’une véritable mission de retour d’échantillons lunaires.
Si telle est cette option qui s’applique à Chang’e 4, l’orbiteur pourrait simuler le temps nécessaire à une sonde pour atterrir sur la Lune, forer, récupérer les échantillons du sol et les envoyer en orbite lunaire d’où ils seraient récupérés, après une phase de rendez-vous avec un orbiteur stationné. A cela s’ajoute que le retour pourrait ne pas être immédiat. Le vaisseau devra attendre une fenêtre de tir opportune qui le mettra sur une trajectoire de retour pour aller se poser sur un site chinois, vraisemblablement situé en Mongolie Intérieure.
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