Et si on brunchait ? » : un brunch comme une parenthèse pour s’écouter, se reconnecter et s’amuser librement
Trois jours avant, c’était déjà complet. Un jour avant, seulement, le lieu a été communiqué. Et pourtant, personne ne s’est fait prier. Parce qu’il y a des rendez-vous qui ne se résument pas à un programme, mais à une atmosphère, un besoin, un appel. Ce 27 juillet 2025, « Et si on brunchait ? » 4.0, porté par Feeling Good Event, a offert bien plus qu’un brunch. Il a offert un souffle. Un vrai. Un espace rare, élégant, humain, où l’on pouvait exister sans pression, parler sans artifice, se détendre sans fuir. Une parenthèse dans un pays qui n’en accorde plus beaucoup.
Comme chaque année, un code de couleur donnait le ton. Blanc, vert et orange. Mais cette fois, il ne s’agissait pas seulement d’une consigne esthétique. C’était une charte silencieuse. Tout — de la scénographie aux tenues des invités — s’organisait autour de ces trois nuances. Le blanc pour la paix intérieure, le vert pour l’ancrage, l’espérance, la renaissance. L’orange pour l’énergie, la chaleur, la joie. Et c’était magnifique de voir des dizaines de femmes et d’hommes habillés comme en écho au décor. L’élégance visuelle n’était pas imposée. Elle était ressentie, partagée.
Dès l’entrée, un écran géant accueillait les invités avec les noms des partenaires, diffusés dans une lumière sobre. À quelques pas, des hôtesses élégantes vérifiaient les invitations avec rigueur et douceur. Puis venait un geste qui posait déjà le ton : une liqueur d’accueil, servie dans le respect et l’intention — crémas, cocktails frais, ou douceurs fruitées. Une fois accrédité, il fallait franchir un couloir verdoyant, comme une allée de silence avant la rencontre. Le bruit de la ville restait derrière. On entrait dans autre chose.
La cour centrale s’ouvrait autour d’une piscine calme, presque cérémonielle. Autour, des mini-salons en tabourets blancs formaient des cercles conviviaux. Pas de rangées rigides. On s’installait pour se parler, pas pour consommer. Sur la gauche, une vaste tente tendue abritait la scène, le DJ, les équipements techniques, et une grande partie des sièges. C’était le cœur battant de la journée.
Le public, majoritairement féminin, imposait une présence douce mais forte. Rien n’était bruyant, mais tout était habité. Celles qui étaient là savaient pourquoi elles venaient. Non pas pour se montrer, mais pour s’aligner.
La causerie s’est ouverte vers 11h. Trois voix. Trois présences. Trois vérités.
Michel Joseph a parlé sans détour. Il n’est pas venu livrer une performance. Il est venu livrer sa fatigue, sa conscience, son éthique. Il a dit ce que ça coûte d’être une voix. Ce que ça exige. Ce que ça use. Il a parlé pour ceux qu’on n’écoute plus.
Anédie Azaël Doura, sobre et lumineuse, a mis des mots sur ce que le public attend trop souvent des femmes visibles : qu’elles soient lisses, constantes, disponibles. Elle a parlé du poids de l’image, mais aussi de la force qu’il faut pour rester vraie.
Puis j’ai posé une question simple : « Est-ce que vous savez vraiment ce qu’est un influenceur ? » La salle s’est figée. J’ai vu dans les regards que la question portait. Ce n’était pas une attaque. C’était une remise à plat. Ensuite, j’ai parlé d’algorithmes, de formes qui vident le fond, de cette course au contenu qui finit par tuer la parole. Et j’ai dit : nous devons reprendre la main. Pas pour dominer. Mais pour choisir.
Pendant toute la durée du programme, des serveurs circulaient avec des plateaux soignés. Apéritifs, bouchées, sourires. Un bar restait accessible pour cocktails, boissons naturelles et rafraîchissements. On pouvait se lever, discuter, se retrouver. Tout était pensé pour qu’on respire. Rien ne coupait l’expérience. Tout l’accompagnait.
À la fin de la causerie, Michel Joseph est revenu. Il a repris le micro — mais cette fois, pour animer. Avec le DJ, il a retourné l’atmosphère, sans la briser. Il l’a prolongée autrement. Une à une, les personnes se sont levées, ont rejoint la tente, ont chanté, dansé, ri. On voyait des gens heureux, sans faux-semblants. Pas des corps qui s’échappent, mais des esprits qui s’autorisent enfin un peu de paix.
Ce moment-là, ce glissement de la parole vers la joie, ce passage de la tension à la libération sans tomber dans le superficiel — c’est sans doute ce que l’événement a réussi de plus fort. Parce qu’il a prouvé qu’on peut parler sérieusement et s’amuser franchement. Qu’on peut penser et danser. Qu’on peut pleurer et rire, au même endroit, sans contradiction.
L’ambiance était belle. L’énergie palpable. Mais ce n’était pas une euphorie creuse. C’était une joie calme, construite, portée. Un sentiment collectif rare : celui d’être à la bonne place, au bon moment, entouré des bonnes personnes.
« Et si on brunchait ? » 4.0, ce n’était pas qu’un événement Instagramable. C’était une manière d’être ensemble. De respirer. De se retrouver. De réapprendre la lenteur, la profondeur, la simplicité.
Tout au long de la journée, on a senti une chose qu’aucune captation vidéo ne pourra totalement transmettre : le réel. L’authentique. Le vivant.
Et maintenant ? Espérons déjà le 5.0.
L’an prochain, ce serait une grâce qu’il ait lieu au nord, au bord de la mer, face à l’horizon. Encore faudra-t-il que les routes nationales soient ouvertes, que les chemins vers nos plages soient enfin rendus à la population. Nous connaissons la situation d’Haïti. Il n’existe presque plus aucune route praticable qui mène à nos rivages. Mais si la parole a su franchir les murs, peut-être que la route suivra.
Espérons que la sécurité revienne. Espérons qu’un jour, la beauté d’un paysage et la beauté d’une idée puissent se rejoindre dans un même lieu, dans une même journée.

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