Le pape François s’est éteint : rites funéraires, élection à venir et mémoire d’un pontificat qui marqua notre époque
Le 21 avril 2025, à l’âge de 88 ans, le pape François s’est éteint au Vatican, mettant fin à plus d’une décennie de pontificat marqué par la simplicité, l’engagement social et le dialogue interreligieux. Ce décès, aussi historique qu’émouvant, nous fait entrer dans une période rare et solennelle de l’histoire de l’Église catholique : celle de la vacance du Siège apostolique. Pour des millions de catholiques, dont des milliers de Haïtiens profondément attachés à la foi romaine, c’est un moment fort, fait de prière, de recueillement mais aussi de grande curiosité : que se passe-t-il maintenant ? Comment se dérouleront les funérailles du pape François ? Et comment sera élu le prochain pape ?
Conformément aux règles établies par la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, la mort du pape entraîne ce qu’on appelle la vacance du Siège apostolique. Dès l’instant du décès, c’est le cardinal camérier (actuellement Son Éminence Kevin Farrell) qui prend en charge les affaires ordinaires du Vatican, veillant à la bonne gestion du temporel, sans pour autant pouvoir engager l’Église sur des décisions de fond. Aucun document officiel ne peut être signé au nom du Saint-Siège, aucune nomination n’est possible, et la basilique Saint-Pierre se transforme en lieu de pèlerinage universel.
Les funérailles du pape François auront lieu ce samedi 26 avril à 10 heures, sur le parvis monumental de la basilique Saint-Pierre de Rome. Le pape y sera inhumé selon sa volonté, dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, loin du faste et de l’apparat qui accompagna jadis d’autres pontifes. Son cercueil en bois portera une inscription sobre : Franciscus. Dès les premières heures suivant l’annonce de son décès, des dizaines de milliers de fidèles se sont pressés autour du Vatican pour lui rendre hommage. Exposé dans la basilique Saint-Pierre depuis le 23 avril, son corps revêtu des ornements liturgiques (aube, chasuble, pallium, mitre) est vénéré sans interruption dans un climat de recueillement planétaire.
S’ouvrira ensuite une période appelée novemdiales, neuf jours consécutifs de messes célébrées en sa mémoire. C’est une tradition liturgique qui plonge ses racines dans l’histoire antique de Rome, transformée par les premiers siècles du christianisme en un temps de louange et de supplication pour l’âme du défunt. Pendant cette période, le Vatican vit au ralenti, suspendu à l’attente du conclave.
L’élection du nouveau pape, ou conclave, débutera entre le 15e et le 20e jour suivant le décès, soit entre le 6 et le 11 mai 2025. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent y prendre part : ils sont actuellement au nombre de 135. Réunis dans le secret absolu de la chapelle Sixtine, protégés de toute communication avec l’extérieur, ils voteront jusqu’à ce qu’un nom rassemble les deux tiers des suffrages. Après chaque scrutin, les bulletins sont brûlés : une fumée noire s’élève si aucun choix n’a été validé, tandis qu’une fumée blanche — symbole universel d’espérance — annonce l’élection du nouveau pontife. Ce dernier apparaîtra alors au balcon central de la basilique Saint-Pierre, pour la proclamation historique du Habemus Papam.
Plusieurs noms circulent déjà, bien que nul ne puisse prédire avec certitude l’issue de cette élection : le cardinal Pietro Parolin, actuel secrétaire d’État du Vatican ; le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, figure appréciée en Asie et en Amérique latine ; ou encore le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et proche des communautés de base. Quelle que soit l’issue, le choix du prochain pape façonnera l’avenir spirituel et diplomatique de l’Église universelle dans un XXIe siècle confronté à des défis inédits : intelligence artificielle, crise écologique, fragmentation géopolitique, reconfiguration des rapports Nord-Sud.
Pour notre génération, ce moment revêt une résonance singulière. Nous avons connu quatre papes : Jean-Paul II, figure charismatique et voyageur infatigable ; Benoît XVI, théologien raffiné qui démissionna en 2013, brisant une tradition vieille de six siècles ; François, pasteur des pauvres et promoteur d’une Église en sortie ; et à présent, un quatrième successeur de Pierre dont nous serons contemporains. Ce rythme inhabituellement soutenu dans la succession des pontificats traduit à la fois la complexité de notre époque et la vitalité d’une Église en mouvement.
En Haïti, où l’Église catholique reste un pilier fondamental de la vie nationale — de la formation des consciences à l’action sociale, de l’éducation à l’engagement pour la paix —, la disparition du pape François sera ressentie comme une perte personnelle. Il fut un homme proche des petits, un évêque du monde qui parlait aux oubliés, aux réfugiés, aux exclus. Sa voix, souvent empreinte d’indignation face aux injustices globales, aura marqué le clergé haïtien et inspiré de nombreux laïcs. Son successeur aura la lourde tâche de poursuivre cette mission, dans un monde tourmenté mais avide de repères.
Le décès du pape François ne signe pas une fin, mais une transition. Un passage, dans le plein sens chrétien du terme, d’un ministère terrestre vers un héritage spirituel qui continuera à féconder les cœurs. Dans l’attente du conclave et de la fumée blanche, l’Église, avec ses douleurs et ses espérances, poursuit sa marche. Que la paix accompagne François, et que la sagesse guide ceux qui devront désigner son successeur.
par John BOISGUÉNÉ









