OMA : quand la jeunesse haïtienne reprend la parole et redonne du sens à l’engagement social

Dans une Haïti souvent paralysée par les crises, une organisation s’élève avec une énergie inédite pour replacer la jeunesse au cœur du changement social : OMA – Oganizasyon Moun Ayiti. Créée par des militants culturels, éducatifs et citoyens, OMA s’impose peu à peu comme une structure incontournable pour accompagner les jeunes à redevenir les bâtisseurs de demain. Son engagement repose sur trois piliers fondamentaux : la culture, l’éducation et l’action citoyenne, avec une ambition simple mais audacieuse : donner des outils concrets à la jeunesse pour qu’elle puisse créer, dénoncer, proposer, transformer.

Dans cette dynamique, OMA multiplie les projets structurants : concours littéraires en créole haïtien, résidences de création à l’international, projets de publication, actions communautaires… Tout est mis en œuvre pour faire de l’expression artistique un levier de résilience et de dignité.

C’est dans ce contexte qu’a eu lieu, les 11 et 12 juillet 2025 à l’hôtel NH El Rancho, l’atelier de formation “Influencer Autrement”, un moment fort de réflexion, de transmission et de responsabilisation. Pendant deux jours, plusieurs dizaines de jeunes influenceurs, créateurs de contenu, TikTokeurs, blogueurs, et militants numériques ont été rassemblés autour d’un objectif commun : réfléchir à l’impact réel de leur voix dans la société.

L’atelier a été animé par plusieurs intervenants dont John Boisguéné, consultant en communication numérique et animateur de l’émission TekTalk sur RTVC. Sa présentation portait sur l’éthique et la responsabilité numérique : un plaidoyer puissant pour replacer l’honnêteté, le respect de la vérité, et la conscience des conséquences au centre de toute prise de parole publique. D’autres moments forts ont marqué la formation, notamment des ateliers participatifs, des partages d’expériences entre créateurs, et des engagements concrets pris par les participants.

Mais ce n’est pas tout. Le point d’orgue de l’atelier a été le lancement d’un mouvement citoyen d’envergure nationale : “40 jou bale”. Un nom fort, un symbole de purification, mais aussi un appel à la conscience collective. Car ici, il ne s’agit pas seulement de balayer la rue : il s’agit de balayer la violence, les mentalités destructrices, les injustices, les stéréotypes, les discours haineux, et toutes les formes de pollution morale qui empoisonnent notre société.

Chaque jour pendant 40 jours, des actions symboliques ou concrètes seront menées : publications thématiques, tags, vidéos de sensibilisation, débats, poèmes, fresques, etc. Un appel est lancé à toute la jeunesse haïtienne : se pa netwaye sèlman lari a, men lespri a tou. Le mouvement se veut ni politique, ni partisan, mais profondément social, porté par une jeunesse décidée à “mete lòd lakay li” et à reprendre le contrôle de son récit collectif.

OMA, en initiant ce type de démarche, prouve que l’activisme culturel peut être un moteur de transformation durable. Et dans un pays assoiffé d’initiatives sincères, lucides et structurantes, cette voix mérite d’être entendue, soutenue, et amplifiée.